AMUSETTES

Publié le par Jean-Michel LEVENARD



VICTORHUGOFUGES (se prend en fientes)
LE DERNIER MATCH INTERNATIONAL

PLEINE LUNE

 

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(Ne perdez votre temps qu'à des commentaires négatifs. Pour le reste, je ferai moi-même la soustraction)


25/02/2010


- Le catholicisme a fait du fils de Dieu de la chair à Canons.

- L'altruisme, c'est bon pour les autres !

- La vie est un engin sans garde-bout.

- Tout part en fumée... sauf le Diable qui lui arrive en fumée... ah ! le Pape aussi.

- Le meilleur cheval ne volera jamais bien haut.

- Ces choses que chacun déplore, que tout le monde savoure...



07/01/2010


- A force de tout mettre dans le même sac, non seulement il devient lourd, mais on ne sait plus ce qu'il y a dedans.

- Ce qui tue la volonté de devenir : croire être.

- Les choses les plus émouvantes peuvent parfois finir par vous sortir par les yeux. Y compris sous forme de larmes.

- Ce Jésus Christ quelle carrière s'il avait bien voulu rester dans les clous !

- Croire en Dieu : vraiment faire confiance au premier venu !

- Comment ne pas croire que tout  est inscrit dans le grand livre depuis la nuit des temps ! Grimper sur le toit du Monde, c'est devenu une balade. On y débouche le champagne, et là-haut, les verres restent !


20/12/2009


- Les symboles sont l'alphabet de la langue de bois.

- Comme il était jeune et méticuleux, il repassait son linge et s'arrangeait pour que cela ne se voit pas.

- Gratin dauphinois : sous l'Ancien Régime, avant que cela ne tourne à la purée, désignait l'entourage de l'héritier de la couronne de France.

- Puritains et capitalistes : des faux-jetons qui en touchent de vrais.

- Purpurin / pur purin : de la gloire à l'immonde pour si peu d'espace !

- Voyages à Cythère : combien de naufrages faute d'avoir su décider à l'avance qui guiderait la barque.


27/11/2009

- Pourquoi mourir ? Une question à mourir de rire.

- Méfie-toi : à force de vivre, tu vas mourir.

- J'ai horreur des enterrements, alors, je vous préviens, pas la peine de faire le mort pour moi, je ne me déplacerai pas !

- Les chinois n'ont peut-être pas tort. Les tibétains ne seraient-ils pas un peu trop jusqu'au bouddhistes ?

- Si un jour tu te sens cerné par les cons, rappelle-toi : "qui s'assemble se ressemble", et vois si leurs rangs s'éclaircissent.

- Candide de Voltaire, Karl Rossmann de Kafka. Des séducteurs qui trop embrassent : malle et train !

- La voie des urnes, la voix du peuple, ce n'est jamais oui ou non. C'est pet'ben oui, p'tet ben non, où varie la taille du pet'ben.

- Le paon est beau, mais sa viande ne vaut rien.

- D'ou me vient l'argent sale ? Peu m'importe, je m'en frotte et m'en lave les mains.


10/11/2009.


- Testament : ultime occasion d'espérer un peu d'intérêt pour ce que l'on a à dire.

- Un politicien qui ne tient pas ses promesses vous fait sans doute économiser un peu d'argent.

- Xénophobe devrait vouloir dire "qui a peur des étrangers". A cause de qui donc cela signifie-t-il désormais "qui fait peur aux étrangers" ?

- Est-ce que retomber en enfance mène à  la momification ?

28 /10/2009.

- Ils n'étaient pas là pour s'amuser, ils avaient moins bien à faire.

- Ce ne sont pas les gros mots qui ont le plus de mal à sortir.

- C'est quand je m'applique à ne rien faire que j'obtiens les résultats les plus conformes à mes attentes.

- Hypocrisie  : ceux qui annoncent être hypocrites le seraient-ils moins que ceux qui affirment ne pas l'être ?

- Je ne veux pas que l'on se sacrifie pour moi : je ne mérite pas un tel châtiment.

- Plus on tourne en rond, moins on tourne rond.

- NOTAIRE : catalyseur de la transmutation des matières. Dès qu'il entre en acte,  il se sucre, mais la note est salée.

- AVION (de avis, l'oiseau) : en cas de chute, grosse hommelette.

- Je ne pense pas qu'il n'y ait que des imbéciles sur Terre, mais voilà, je sors peu.

- Une personne m'a parlé de quelque chose de clairement ambigüe. Je n'ai pas vraiment compris.




LE DERNIER MATCH INTERNATIONAL



Je m’en souviens parfaitement. Autant vous dire que pour moi, ce fut un grand moment.
La France se présentait en formation d’alexandrins.
Rimbaud était aux arguments. Et c’est exact qu’il sortit à plusieurs reprises – était-ce abus de stupéfiants ? – quelques-unes de ses Illuminations, dont le jeu trop individuel nuisait bien évidemment à la cohésion de l’équipe.
Hugo, coupeur de vers en quatre, placé en hémistiche, balançait des rafales de virgules, créant des chicanes où venait s’empêtrer aussi notre furia littéraire, si elles pouvaient parfois également dérouter l’adversaire.
Mallarmé tenait la ligne des rimes féminines, Verlaine celle des rimes masculines, bien que parfois, ce dernier ne savait plus trop bien où se placer  - ou délibérément changeait de genre, on ne le saura jamais vraiment ? – et, avouons-le – semait le trouble et commettait force impairs.
Hérédia était aux mots rares. Une certaine confusion malheureusement perturbait nos évolutions. Hérédia en effet, tenait absolument à placer lui-même ses trouvailles à la rime, et Mallarmé, à la rime, sournoisement, l’évinçait pour caser les siennes. C’était double énergie dépensée en vain.
On s’aperçut que Gautier, dont nul ne contestait la technique, n’y voyait plus très clair sur le but à atteindre, et s’enlisait, bloquant la progression dialectique de nos offensives, en jeux de pieds savants mais stériles.
Aragon jouait merveilleusement de son mentir-vrai pour mystifier les adversaires, mais ses feintes que tous avaient du mal à suivre, jouaient absurdement une fois sur deux contre nous, et il n’y avait aucun moyen de le raisonner.
Sully Prud’homme, que la partie adversaire avait naguère encensé – et l’on pouvait y déceler au moins l’ombre d’une manœuvre indélicate – montrait des prudences de douairière à distribuer le jeu, rompant bien souvent notre élan. Il semblait se complaire dans une sorte de neutralité bienveillante qui lui faisait tour à tour servir chaque camp, même si, d’un geste élégant, il nous signifiait que ce n’était là, de sa part, qu’impuissance.
Ronsard avait été maintenu malgré son âge. C’était le gage pour bénéficier à plein des faveurs du public féminin. Mais l’enthousiasme déployé dans les tribunes ne compensait pas sa pâle prestation sur le terrain. Il attendait, rayonnant et béat, après la moindre de ses interventions la salve de vivas régénératrice sans laquelle on sentait bien qu’il ne ferait plus un pas supplémentaire.
Enfin, Villon trichait comme un soudard. Mais c’était de sa part une stratégie pour se faire sortir régulièrement du terrain. Il en profitait tantôt pour gagner la buvette, tantôt – on s’en aperçut plus tard – pour se rendre aux vestiaires où il dévalisa tous ses petits copains.

Je n’étais que remplaçant. J’attendais, prose sur le banc de touche.
Cette fois-là, qui fut la dernière, car la poésie fut ensuite retirée de la liste des sports collectifs, les Allemands nous battirent par une marche militaire réalisée en pas de l’oie...


PLEINE LUNE



Après s’être si longtemps tenu seul et silencieux, le regard levé au ciel (celui qui n’a pas de nom et mène la tribu) s’était soudain dressé, et quittant l’entrée de la grotte, s’était rué à l’intérieur.
Grognant, grondant, poussant, tirant, il cherchait à entraîner (les autres qui n’ont pas de noms) au-dehors.
Sans savoir pourquoi ils résistaient ou pourquoi ils se laissaient faire, certains suivirent, d’autres repoussèrent d’un geste et d’une levée de mâchoires agressive les sollicitations de (celui qui n’a pas de nom et mène la tribu). Mais il était dit que cette nuit-là, il faudrait bon gré mal gré sortir du refuge et satisfaire ses lubies. Tant que tous les mâles ne furent pas sortis, (celui qui n’a pas de nom et mène la tribu) n’eut de cesse de les relancer de façon de plus en plus impérative.
Quand tous furent assemblés, (celui qui n’a pas de nom et mène la tribu) s’essaya à transmettre ce qui motivait son intempestive intervention.
(les autres qui n’ont pas de nom) manifestaient une attention des plus fugaces et des moins intuitives qu’il soit.
On sentait tout à fait dans la manière de ne savoir comment s’y prendre que l’impulsion avait précédé chez (celui qui n’a pas de nom et mène la tribu), la réflexion. Il y avait certainement quelque chose à dire, mais les grognements, les éructations n’avaient d’effet que de maintenir là, en attente, dans une impressionnante apathie, ou une indifférence hostile (les autres qui n’ont pas de nom).
(Celui qui n’a pas de nom et mène la tribu) levant alors lentement le bras, pointant le doigt, fixa le disque de lumière qui prodigue au clan cette lueur si douce et pâle des nuits claires.
Puis, entre ses pieds, dans la poussière, du même doigt qu’il avait montré l’astre lumineux, il traça une ligne qui dessinait à peu près cette même figure... Alors, il posa en son milieu son poing et y laissa une marque en faisant tourner sa main sur elle-même.
D’entre ceux qui avaient suivi ses gestes, peu sans doute avaient conçu qu’il s’agissait de signes à interpréter. La plupart n’accordaient pas plus de suite à cette démonstration qu’ils ne le faisaient à la pluie qui tombe, à l’herbe qui pousse, à la bête qui tue. Toutes choses étant faites pour passer, ils attendaient, indolents.
Quelques-uns toutefois, qu’aucune idée pourtant ne venait féconder, avaient perçu la volonté de (celui qui n’a pas de nom et mène la tribu) de leur signifier quelque chose. Ils demeuraient impuissants, trop parfaitement anéantis par cette seule pensée nébuleuse.
Le silence pesait. L’endormissement tassait au sol les plus étrangers à ce qui se jouait.
Puis (un qui n’a pas de nom) dans un mouvement soudain, provoquant un étonnement inquiet mal né dans la masse endormie, se dressa et se précipita en poussant le grognement du rut dans la caverne où demeuraient les femelles du clan. Celui-ci venait de percevoir, avec une acuité qui renversait toute tentative de réflexion supplémentaire, au ciel, et sur le sol porteur de traces, la rondeur des fécondités marquée du sceau natif...
Aux cris des femelles que ne pourrait satisfaire seul celui qui venait de pénétrer dans la grotte en manifestant l’outrance de ses désirs, la troupe entière retrouva l’élan des certitudes, et tous, relevant la tête dans un mouvement qui marquait l’apaisement et la satisfaction sauvages retrouvés dans l’entreprise des actes routiniers regagnèrent l’abri.
Les signes de la débauche collective ôtèrent à (celui qui n’a pas de nom et mène la tribu) le peu de prise qu’il gardait encore sur son esprit, et, brisant l’élan de sa pensée pesante et laborieuse, à son tour, libérant le cri du rut qui déchaînait sa puissance, il rejoignit la mêlée.
Depuis lors, la pleine lune devint le témoin d’une cérémonie orgiaque auxquels tous se ralliaient. L’accouplement sous la lune arrondie devint un rite magique et sacré, bien que la brutalité et l’animalité de son déroulement n’avaient en rien changé. Mais, il semblait au clan, indistinctement, que désormais, en plus de répondre aux instincts le rut répondait aux invisibles prières de la ronde veilleuse.
Et (celui qui n’avait pas de nom et mène la tribu) ne se souvint jamais qu’une nuit, il avait inventé la roue.



 




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